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Garden Party

Qu'est ce que la phytothérapie?

Quoi de plus appropriée qu’une garden party afin de découvrir l’univers de la phytothérapie…Par définition, celle-ci correspond à l’utilisation des plantes pour une visée thérapeutique, donc pour soigner. Depuis seulement très récemment (2023), le métier de paysan herboriste est reconnu par l’Etat français. Pour l’histoire, le diplôme ayant été supprimé en 1944 sous le gouvernement de Vichy pendant la présidence Pétain.

Depuis la préhistoire ont été retrouvées des traces d’utilisation de plantes et de nombreux médicaments proviennent de l’extraction ou de la copie synthétique de principes actifs et ce à partir du XIXème siècle: « les remèdes de bonne fame » (de bonne renommée!) ont alors été davantage étudiés afin de percer leurs mystères.

Au cours de cette garden party, découvrons le pouvoir des plantes et profitons de leurs bienfaits tout en les respectant mais attention, leurs usages ont aussi des règles de fabrication et des précautions d’utilisation.

75% des plantes ont une activité pharmacologique identique à celle revendiquée par la tradition lorsque les méthodologies sont bien respectées.

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La phytothérapie se conçoit en tant que médecine naturelle mais elle se doit aussi d’être maitrisée. Et ainsi, elle est une merveilleuse complémentarité à la médecine conventionnelle en renforcant l’efficacité des propositions thérapeutiques.

Le pouvoir des plantes

Mise en bouche

Une plante est un organisme végétal complexe constitué de racines qui assurent sa fixation au sol, d’une tige ou d’un tronc et de feuilles qui se développent dans l’air ou dans l’eau.
Depuis que les premières cyanobactéries bleu vert comme la spirulina ont appris, il y a 2 milliards d’années, à exploiter l’énergie du soleil, les plantes produisent l’énergie de la vie.

Au fil de l’histoire, elles ont développé une pléthore de composés phytochimiques qui leur confèrent une protection à large spectre: par exemple, pour poursuivre leur croissance, les plantes ont développé des stratégies qui attirent les insectes pour transporter leur pollen procréatif ou bien des stratégies pour chasser les insectes prédateurs.
Les animaux et les humains ont découvert comment utiliser ces plantes pour un large éventail de bienfaits. Nous avons appris les propriétés bénéfiques pour la santé de 50 000 des 250 000 plantes à fleurs.

En puisant dans ce grand potentiel curatif inné de la nature, nous avons appris l’un des grands secrets de la vie : les plantes guérissent notre corps et notre esprit.

Selon moi, il serait justement bien dommageable d’oublier ce que la nature nous a généreusement offert. Recentrons-nous sur les merveilleux exemples de cohésion, soutien et solidarité dont elle fait preuve, à l’instar de la permaculture!

Les méthodes d'extraction

L'extraction des chefs

Selon que l’on souhaite recueillir le maximum du pouvoir médicinal de la plante dans sa globalité ou bien que l’on vise un objectif curatif déterminé, différentes méthodes sont utilisées: des méthodes mécaniques par séchage et/ou broyage par exemple, des méthodes calorifiques ou grâce à des solvants: eau, alcool, huile ou vinaigre.

Seule une partie de la plante peut avoir un intérêt vis-à-vis d’un principe actif recherché ou bien l’on conserve son totum, c’est-à-dire l’ensemble des parties de la plante. Aussi, les procédés peuvent différer selon qu’elle soit fraiche ou sèche.

Quelques exemples:

  • L’extraction à l’eau permettra de dissoudre les composés hydrosolubles comme les sucres, les protéines, certaines vitamines et minéraux, les polyphénols et les mucilages entre autres.
  • L’extraction à l’alcool permettra de dissoudre des composés comme les résines et certains tanins entre autres.
  • L’extraction dans l’huile permettra de dissoudre des composés liposolubles comme certaines huiles essentielles, les résines, les caroténoïdes, les vitamines A/D/E/K, les saponines, les lignanes etc.

Les appellations

Le plateau des préparations

Nous parlerons ici de 5 préparations parmi les plus utilisées:

Infusion/décoction

  • L’infusion ou la tisane peut se faire avec des plantes fraiches ou sèches. La température requise est comprise entre 80 et 90°. L’eau utilisée sera de préférence peu minéralisée pour son fort pouvoir d’extraction. Il est possible d’associer les plantes afin de potentialiser les effets. Elle permet un apport hydrique mais attention à l’effet diurétique excessif selon les mélanges. Elle est simple de préparation et peu coûteuse. 
  • La décoction permet d’extraire des substances provenant de parties plus « dures » et robustes de la plante, comme les racines, tiges, écorces. L’eau doit monter à 100°C et la préparation doit continuer de bouillir et de bénéficier d’un temps d’infusion plus long.

 

Conseils du chef: Les plantes ont besoin de place afin de bien infuser, les boules à thé sont donc à éviter, ainsi que les contenants plastiques du fait des contaminants nocifs qui migreraient dans la boisson à cause de la chaleur. Si usage régulier, préférez faire des rotations quant aux plantes utilisées.

 

Huiles essentielles

Les huiles essentielles sont des extraits liquides et aromatiques qui sont classiquement extraites à l’eau, grâce à un procédé de distillation employant la vapeur.

Elles présentent des effets spécifiques selon le mode d’administration: application cutanée, inhalation surtout. Très concentrées en principes actifs, elles sont agressives pour la peau et ne peuvent être appliquées qu’à doses très diluées (1 à 5 gouttes dans 10 ml d’huile pour un massage), elles possèdent pour certaines un fort pouvoir photosensibilisant et contre-indiquent l’exposition au soleil ou aux UV.
Le rendement est faible et la qualité dépend du climat, de l’altitude, de la nature du sol et du moment de la cueillette.

L’hydrolat correspond à l’eau issue de la distillation. Il contient alors un faible pourcentage d’huile essentielle (environ 2%).

Conseils du chef: Veillez à choisir une huile essentielle de qualité, certaines ont un faible rendement ou proviennent de plantes rares ou encore sont très longues à distiller et ont donc un coût plus élevé comme l’Ylang-Ylang par exemple. Le mode de conservation est aussi important: elles doivent être stockées à l’abri de la lumière, de la chaleur et en position verticale.

Poudre/extrait

  • La poudre de plante est issue d’une plante séchée, puis pulvérisée. La poudre ainsi obtenue est ensuite tamisée. Elles servent notamment à la fabrication de teintures, de gélules ou de comprimés. Elles se conservent peu.
  • L’extrait sec est une  préparation obtenue à partir de trempage dans un liquide (solvant). Après évaporation du solvant (eau, alcool, éther…), on obtient un extrait dont la consistance sera fluide, molle ou sèche. La notion d’extrait titré ou standardisé est un gage de qualité puisque la quantité de principes actifs est garantie.

 

Conseils du chef: Il est possible de mélanger la poudre de plantes dans un liquide comme une compote si les gélules sont difficile à avaler (enfants et personnes âgées par exemple). Cette poudre peut être aussi intégrer dans une préparation culinaire (poudre d’ortie dans une quiche par exemple).

La gemmothérapie

Il s’agit d’une macération de plante fraiche dans un solvant (alcool, glycérine +/- eau) de tissus végétaux en pleine croissance. Malgré le peu d’études scientifiques disponibles, l’efficacité thérapeutique est bonne et la gemmothérapie a peu de contre-indications. Elle peut être utilisée chez les bébés, enfants, femmes enceintes et allaitantes, malgré la présence d’alcool car en très faible quantité. Il est possible de combiner la prise de bourgeons (3 maximum).

Conseils du chef: Les bourgeons contiennent l’information du végétal en devenir, ainsi on leur prête aussi des vertus énergétiques.

Teinture mère/alcoolature/teinture

  • Une teinture mère est une solution hydro-alcoolique issue d’un mélange de plantes et d’alcool qui peut servir de base aux dilutions des préparations homéopathiques. Pour obtenir une teinture mère, la plante doit macérer pendant trois semaines dans de l’alcool  entre 60° et 95°. Ce mélange doit être régulièrement remué à l’abri de la lumière afin que le liquide se charge des principes actifs de la plante utilisée. Il est ensuite filtré, pour ne garder que la solution liquide. Du fait de l’alcool, les teintures mères se conservent longtemps mais cet alcool peut aussi être problématique pour certaines personnes car présent en quantité beaucoup plus importante que dans les macérats de bourgeon (gemmotherapie).
  • Une alcoolature bénéficie quasiment du même procédé mais avec un taux d’alcool plus faible. 
  • La teinture est une macération dans l’alcool de plantes sèches. Elle est plus facile à concevoir de façon artisanale car l’alcool utilisé est courant (vodka, rhum par exemple), mais moins concentrée en principes actifs que les deux précédentes.

 

Les EPS (Pilèje), Quantis (LPEV) et SIPF (Nutergia) sont des appellations correspondant à des extraits fluides de plantes fraiches. Ils sont brevetés et chaque laboratoire possède son procédé unique qui est caractérisé pas des avantages et des inconvénients: par exemple, les EPS ne contiennent pas d’alcool mais le totum n’est pas conservé. les SIPF contiennent de l’alcool mais le totum est préservé.

Conseils du chef: Plus la solution contient d’alcool, plus la durée de conservation sera longue.

Cette liste n’est pas exhautive, d’autres formes existent avec des modes d’extraction encore différents: dans les sucres (Elixir, hydromel, sirop), dans le vinaigre, dans l’huile permettant la confection de baumes entre autres.

En conclusion, le choix de la préparation et de la plante se fera selon plusieurs critères:

  • Selon les avantages et les inconvénients de chaque forme (présence d’alcool et en quelle quantité, présence uniquement du principe actif ou totum conservé, biodisponibilité, coût etc.).
  • Selon les contre-indications et les interactions avec d’autres plantes et/ou traitements médicamenteux: effets cumulatifs et/ou toxiques.
  • Selon le dosage voulu car chaque forme n’extrait pas les mêmes quantités de principes actifs et le dosage diffère selon les objectifs (prévention, symptomatique etc.). Attention au risque de surdosage et respecter des pauses thérapeutiques adéquates.
  • Selon la provenance de la plante, la partie utilisée et son chémotype (carte d’identité). Aussi, est ce une plante sauvage ou de culture? Une plante cultivée aura développée moins de substances de défense.
  • Selon le respect de certains règles: les périodes de récolte, la saison, l’heure (matin ou soir), le bon séchage, la conservation et le stockage.
  • Selon l’observance du patient: une préparation pourra mieux lui convenir qu’une autre selon ses desiderata: forme (liquide ou gélule), moment des prises, nombre de prises par jour par exemples.

 

Attention toutefois à ne pas rechercher absolument un dosage très haut de principe actif et gardons à l’esprit que si la plante est présente depuis des millénaires c’est qu’elle a développé des stratégies de synergie entre ses différentes compositions. En effet, ce fameux totum tempère les effets secondaires des principes actifs entre eux: l’ensemble moléculaire peut atténuer l’agressivité de certaines molécules toxiques si extraites et une ou plusieurs molécules peuvent diminuer ou supprimer un ou plusieurs effets indésirables ou toxiques d’autres composés. C’est ainsi que l’important réside surtout dans les connections de toutes les substances.

La biochimie

La farandole des principes actifs

Comme expliqué précédemment, on ne peut pas réduire une plante à ses principes actifs. Mais, il est néanmoins important de connaître précisément la composition des principes actifs et leurs propriétés utiles pour l’Homme.

Au sein d’une plante, les principes actifs peuvent être de deux ordres:`

  • des substances primaires qui ont un rôle dans  le métabolisme et le développement de la plante
  • des substances secondaires qui ont un rôle lié à la réponse au stress (prédateur par exemple), et à l’efficacité de la reproduction (molécule d’attraction)

Plusieurs facteurs influencent la composition biochimique d’une plante: le taux d’ensoleillement, la pluviométrie, le vent, l’altitude, la composition du sol, la présence de prédateurs et de pollinisateurs, l’état sauvage ou de culture en sont des exemples.

Zoom sur quelques principes actifs

Les mucilages

Ce sont des polysaccarides non digestibles qui ont la capacité de gonfler dans l’eau, ce qui permet à la plante de stocker. les mucilages sont présents par exemple dans la mauve et la guimauve, ainsi que dans le psyllium, les graines de chia et de lin, la réglisse et le tilleul. Ils ne supportent pas les températures trop chaudes, les tisanes ne doivent donc pas être trop chaudes ou les macérations se feront à froid. Attention également à les prendre entre les repas car ces mucilages peuvent absorber micro nutriments et médicaments par exemple. Au vu de leur affinité avec l’eau, il est nécessaire aussi de boire suffisamment. Leurs actions sont multiples: protecteur des muqueuses, apaisant respiratoire, régulateur du transit, régulation de la glycémie et effet anti-inflammatoire grâce à la production d’acides gras à chaines courtes.

Les phénols

Leur absorption est faible et ils doivent être activés par le microbiote mais ils ont des effets multiples: prébiotiques, anxiolytique, anti-oxydants, anti-inflammatoire, protecteur vasculaire, effet SERM (modulateur des récepteur aux oestrogènes). On les trouve en quantité importante dans l’ensemble du règne végétal puisque ce sont des molécules de défense et de protection. Parmi ceux-ci, se trouvent des phénols simples, des acides phénols, des coumarines, des lignanes, des polyphénols comme les tanins, les flavonoïdes, les pyrones, xanthones etc. ayant tous des propriétés et des précautions particulières.

Dérivés anthracéniques - anthraquinones

Ce sont des laxatifs stimulants qui ne doivent pas être pris sur le long cours au risque d’attaque des nerfs, de risque de perte de potassium et de troubles du rythme cardiaque. Ils sont formellement contre-indiqués chez le nourrisson, l’enfant, la femme enceinte et allaitante et la personne âgée. Ils se trouvent dans le séné, la bourdaine, l’aloès et la rhubarbe de Chine.

Le praticien en santé fonctionnelle

Les propriétés de la plante

Une plante peut avoir des propriétés multiples sur plusieurs sphères: digestive, immunitaire, métabolique, neuro-psychique, hormonale. Ainsi, selon le bilan effectué avec votre thérapeute, celui-ci saura trouver la ou les plantes les plus adaptées aux objectifs, en tenant compte de votre globalité, de votre propre totum en quelque sorte!

La constitution du patient

Selon votre vitalité (énergie), votre température de base, votre état circulatoire, votre digestion, bref, tout ce qui vous caractérise fait de vous une personne plutôt de constitution chaude ou froide, humide ou sèche, tendue ou relâchée. La plante de part ses propriétés énergétiques sera choisie à bon escient afin de contrer votre tempérament et d’équilibrer vos énergies, un peu comme dans de nombreuses médecines traditionnelles que sont la médecine chinoise et la médecine indienne (l’Ayurveda) par exemple.

Le praticien en santé fonctionnelle ne se revendique bien sûr pas paysan herboriste mais de part ses formations, il saura vous orienter vers des choix éclairés de plantes en fonction de votre terrain et des objectifs visés.

Il sera également attentif à la qualité des plantes conseillées, aussi au respect de l’environnement et à la préservation des ressources. S’il le peut, son choix se portera également davantage sur des plantes locales.

C’est en préservant la nature que nous pourrons encore longtemps continuer de bénéficier de ses trésors…

Mes inspirations

Je vous recommande cet ouvrage d’une qualité exceptionnelle quant à l’usage de la phytothérapie. Si vous désirez aller plus loin dans la compréhension des plantes et de leurs propriétés, il vous apportera sans aucun doute de nombreuses réponses.

« Grand manuel de phytothérapie », Docteur Eric Lorrain aux Editions Dunod

Résumé:

Cet ouvrage fondamental aborde les bases de la phytothérapie clinique sur des bases médico-scientifiques à destination des professionnels de la santé et du public averti, dans l’esprit du DIU de phytothérapie. L’objectif est d’apporter au lecteur les éléments nécessaires, suffisants et pratiques pour pouvoir pratiquer la phytothérapie dans le cadre de la médecine basée sur des preuves tout en intégrant la notion de terrain, c’est-à-dire en tenant compte de l’interaction des systèmes de régulation de l’organisme.

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